On affirme souvent qu’à Rio, contrairement au reste du globe, ce sont les moins fortunés qui observent les plus aisés depuis une position élevée.
Au-dessus des plages de renommée mondiale ainsi que des cités prospères d’Ipanema et Copacabana, des dizaines de milliers de cariocas (résidents de Rio) ont érigé des habitations en utilisant des matériaux récupérés sur les crêtes surplombant ces lieux.
Ces bidonvilles sont appelés ici “favelas”.
Durant une longue période, les bidonvilles étaient considérés comme des zones périlleuses et infréquentables, où s’aventurer était fortement déconseillé, tant pour les visiteurs que pour les habitants du Brésil.
Malgré leur notoriété négative qui leur colle à la peau depuis toujours, les favelas de Rio demeurent indissociables de l’identité culturelle de la métropole, au même rang que le Christ Rédempteur, le stade Maracaña ou le célèbre Carnaval.
En effet, les favelas sont à l’origine des plus prestigieuses écoles de Samba de Rio et leur apport culturel incontestablement jovial a probablement une incidence sur la nature du Carnaval.
Pour les personnes désireuses de découvrir l’intégralité des aspects de la cité – y compris les plus sombres – l’exploration d’une favela se révèle particulièrement captivante.
Tout d’abord, un peu d’histoire…
L’émergence des bidonvilles de Rio, ainsi que d’autres à travers la nation, résulte d’une importante insuffisance de logements au XIXe siècle et s’est ensuite amplifiée à la suite de plusieurs crises politiques. Néanmoins, cette présence illicite n’a jamais été considérée uniquement comme une atrocité à déloger, mais plutôt comme autre chose.
Les tentatives d’associer les favelas aux équipements urbains ont récemment commencé à donner des résultats positifs suite à une révélation survenue dans les années 90.
Bien que les violences et la criminalité de ces zones aient souvent occulté ces démarches, le Brésil a finalement obtenu la possibilité d’accueillir deux importantes manifestations internationales grâce à ces efforts.
Le gouvernement a subitement découvert une solution pour résoudre certains des enjeux les plus critiques des favelas grâce à la planification de la Coupe du Monde et des Jeux Olympiques.
Le changement majeur a été la mise en place de l’UPP (Unité de Police Pacificatrice), permettant de récupérer le contrôle de plusieurs zones et offrant une meilleure sécurité à environ une douzaine de favelas, tant pour les résidents que pour les visiteurs.
Et les panoramas offerts par ces favelas sont à couper le souffle.
S’y rendre
Que vous projetiez d’y passer une seule journée ou d’expérimenter la vie typique d’une favela en logeant chez l’habitant, vous profiterez dans tous les cas d’un point de vue exceptionnel sur Rio.
Un grand nombre d’agences de voyages proposent des excursions accompagnées ; cependant, veillez à opter pour celles dirigées par un accompagnateur originaire de la région. Non seulement cela sera véritable, mais aussi bénéfique pour la collectivité.
Vous progresserez au sein de ruelles sinueuses traversant des édifices précaires et des zones d’activités animées, entouré de câbles électriques emmêlés et de marchands itinérants.
L’expérience directe de la vie et du passé des favelas permettra de déconstruire tous les a priori que vous nourrissiez à l’égard des résidents de ces zones, qui se révèlent en réalité chaleureux et unis.
Résider au sein d’une famille vous assure une expérience inédite. Outre la réalisation d’importantes économies sur le coût d’un hébergement onéreux en centre-ville, vous bénéficierez d’un accueil authentique et chaleureux.
Il est certain que vous devrez abandonner le luxe d’un hôtel en faveur d’un habitat plus modeste, toutefois, vous y découvrirez une hospitalité et un dynamisme inestimables.
Dans la Zona Sul de Rio Sud, à proximité des plages, se trouvent les favelas les plus sécurisées et de taille réduite. Envisagez de visiter un secteur pacifié et, comme vous agiriez en toute situation, évitez d’attirer l’attention sur vous.
En restant attentif, en évitant de quitter les chemins tracés, particulièrement durant la nuit, et en ne prenant pas de photos à tout bout de champ, vous pourrez jouir sereinement de ces collines peuplées de Rio.
Peu importe laquelle vous irez explorer, vous y découvrirez invariablement de la nourriture savoureuse, de la musique entraînante et une atmosphère conviviale. Toutes les favelas possèdent une identité distincte, et c’est pour cette raison que nous avons choisi quatre d’entre elles qui valent véritablement le détour.
Quelle favela visiter ?
Roçinha
La favela Roçinha est la plus grande non seulement de Rio, mais également de toute l’Amérique latine. L’infrastructure de cette favela, dont la population est évaluée à 150 000 résidents, est plus élaborée comparée à la majorité des autres favelas.
Les résidents se distinguent aussi par leur désir de rehausser leur qualité de vie en s’impliquant dans des initiatives locales qui travaillent à cette fin.
L’observation révèle aussi un contraste frappant entre l’immensité des quartiers défavorisés et les établissements luxueux situés sur le littoral en contrebas.
Santa Marta
En revanche, Santa Marta est la moins grande. En raison de son ampleur, elle a été la première à bénéficier de la protection de l’UPP, ce qui en fait la plus sécurisée. Elle est aussi connue pour diverses autres raisons.
Elle héberge notamment une sculpture de Michael Jackson, en guise d’hommage au Roi de la Pop ayant réalisé le clip de “They don’t care about us” en 1996, un événement dont les résidents sont évidemment très fiers.
Le square de Praça Cantão, à l’entrée de Santa Marta, s’est transformé en emblème suite à l’initiative artistique communautaire du tandem néerlandais Haas&Hahn, qui a peint les façades des habitations avec des teintes éclatantes.
Empruntez le funiculaire sans frais jusqu’au sommet, où le panorama époustouflant vous surprendra à nouveau, alliant merveilles naturelles et disparités sociales.
Ah, il vous sera également possible de dévaler la piste en vélo tout terrain ou de disputer une partie de paintball tout en admirant le panorama du Pain de Sucre.
Vidigal
L’une des favelas les plus hospitalières pour les visiteurs, Vidigal, sert aussi d’espace récréatif pour les cariocas les plus favorisés. Un bar à sushis est également présent sur place !
De plus, elle est réputée pour attirer les artistes et est fréquemment mise en parallèle avec le vaste quartier populaire de Rio, Santa Teresa.
Escaladez la colline jusqu’à son sommet afin de contempler l’impressionnant panorama de 180° qu’offre l’océan Atlantique.
Tavares Bastos
Tavares Bastos, connu pour ses soirées animées musicalement, est aussi un lieu prisé pour le tournage de films et vidéos musicales. Tavares Bastos excelle dans divers styles, allant du véritable Baile Funk brésilien à la Samba.
De manière assez étonnante, c’est principalement grâce à un Britannique avant-gardiste que cette notoriété musicale a vu le jour. Bob Nadkarni, un ex-journaliste de la BBC, s’est établi ici durant les années 80 et a consacré deux décennies à l’élaboration de ce qui est actuellement une magnifique maison d’hôtes de neuf étages, agrémentée d’un bar sur le toit époustouflant.
Le dédale – surnommé ainsi en raison de sa conception architecturale labyrinthique – organise deux fois par mois des spectacles de jazz sur sa terrasse. Attirant des centaines d’admirateurs issus de l’ensemble de la cité, ils méritent véritablement qu’on les visite.
Après avoir pris connaissance de l’histoire et du quotidien des favelas, il ne vous reste plus qu’à organiser votre voyage pour Rio !